L'invisible lien, partout dans la nature, Va des sens à l'esprit et des âmes aux corps ; Le choeur universel veut de la créature Le soupir des vaincus ou l'insulte des forts.
L'invisible lien va des êtres aux choses, Unissant à jamais ces ennemis mortels, Qui, dans l'anxiété de leurs métamorphoses, S'observent de regards craintifs ou solennels.
L'invisible lien, dans les ténèbres denses, Dans le scintillement lumineux des couleurs, Eveille les rapports et les correspondances De l'espoir au regret, et du sourire aux pleurs.
L'invisible lien, des racines aux sèves, Des sèves aux parfums, et des parfums aux sons, Monte, et fait sourdre en nous les sources de nos rêves Parfois pleins de sanglots et parfois de chansons.
L'invisible lien, de la terre aux étoiles, Porte le bruit des bois, des champs et de la mer, Léger comme les coeurs purs de honte et sans voiles, Profond comme les coeurs pleins des feux de l'enfer.
L'invisible lien, de la mort à la vie, Fait refluer sans cesse, avec le long passé, La séculaire angoisse en notre âme assouvie Et l'amour du néant malgré tout repoussé.