Elle avait huit ans et moi cinquante !
Je vous demande pardon
Monumental Hugo Victor,
Lisez-moi et dites si j’ai raison
Ou peut être tord !
Elle avait huit ans et non dix
Et moi cinquante et non trente.
Elle était pour moi une perdrix,
Toute charmante, toute innocente !
Elle riait, jouait, s’éblouissait,
A l’ouïe ou à la vue de la vie.
Elle chantait, elle jasait, elle gazouillait,
Comme un canard ou un canari !
Elle avait une folle passion
De curiosité et de découverte,
Pour tout vestige, pour toute nation,
Pour toute énigme, pour toute devinette !
Dans son joli dictionnaire à elle,
Il n’y avait de liqueur que de miel,
Et dans son sommeil ordinaire,
Hantait le rêve de voir la Tour-Eiffel !
Pour exaucer son rêve un jour,
Son papa devant le consulat l’emmena,
Faire la queue, attendre son tour,
Dans l’espoir de se voir accorder un visa.
Pour la première fois, son émotion
Venait de goûter à un étrange plat,
Garni d’incompréhension, fourré d’humiliation,
Servi par le restaurant du Consulat. !
Elle avait les larmes aux yeux,
Moi les tiraillements à l’estomac,
Déviait son regard vers les cieux
Pour éviter le mien un peut trop las !
Je vous demande pardon,
Que des choses ont changé depuis Waterloo :
Napoléon n’est plus Napoléon
Et Hugo méconnaissable n’est plus Hugo !
Ici ou quelque part là-bas,
Les fantômes éprouvent la même passion,
Que soit ici près de Taza,
Le plaisir de torturer les enfants.
Ou, là-bas quelque part à Gaza,
Qu’importe les moyens, la faim ou les munitions,
Ou simplement le passeport ou le visa,
La fin ne justifie t’elle pas la façon !?
Qu’importe l’appellation : Colonie ou Consulat,
Oh ! Il parait que c’est une nouvelle religion. !
Les héritiers ont perdu le sens du combat
Et la place du mal, ils pourchassent les enfants !
Je serais allé avec ma fille me plaindre naguère,
Au Juste Hugo, au Grand Napoléon :
Vos héritiers ne vous ressemblent guère
Ni en poésie, ni en duel, ni en combattant. !
Car, Ils préfèrent faire aux enfants la guerre,
En assassinant l’esprit des « contemplations »,
En rendant vos lectures fades ou amères,
Et de la sorte ainsi blessant,
L’orgueil si fragile de Napoléon !
Taza
Décembre 2008