La folle un jour m’a pourtant averti : Tu goûteras l’amour, à petit dosage ; Ton vin ne sera qu’a moitié fini, Que tu vivras ton beau et triste naufrage !
Tu la reconnaîtras un jour de mai ; Ton ciel se couvrira d’un seul nuage. La femme riche dont tu connais l’âge Te quittera avant que tu ne l’ais aimée.
Méfie- toi des nuages mon garçon ; Ils sont beaux à te donner le hoquet. Tellement liés, et pour très longtemps, L’empreinte des fers aux pieds remarquée !
Oublie-moi ! Tu fais de moi ta martyre Oublie-moi ! Le moment est dépassé ! Tu vas m’aduler, peut-être me haïr ; Soulage moi de toi sans me froisser !
Seul sur le quai, elle prend le virage. En trombe partie, tout cœur haletant. Abandonné, vois mon petit nuage, S’envoler dans cette nuit doucement !
Seul sur le quai, mon ciel tout couvert ; Compte les carreaux, d’un sol trop mouillé. Ne t’en fais pas ! Elle sait qu’elle perd ; Tu ne sais ce que tu pourrais gagner !
Sur le quai, la pluie tombe en gouttelettes Visage humide, froid, médusé ; Ciel nettoie le corps ! L’âme désuète ; Les routes du retour, de larmes, arrosées !