Auras-tu le temps de voir Sur la mare La jaune lumière du soir Dorer les verts roseaux Et à l'orée du jour naissant, poursuivre L'ivre Papillon qui danse,s'enivre à la rosée riant aux rameaux
Auras-tu le temps de dénicher En sa nichée Le beau loriot qui s'en va sécher L'aile lourde de rosée Et de prendre en détente les pattes De la petite chatte Et valser sur une gaie sonate Ta joue sur sa joue posée
Auras-tu le temps de déguster ce miel Si vermeil Que l'abeille sous le bleu ciel Laisse au creux de l'aubépin Et en un furtif dimanche aller à cheval Au galop pastoral Humer l'arôme qu"exhale le doux pétale Des violettes s'ouvrant sous le pin
Auras-tu le temps de contempler sur le manoir En un soir Le tendre ramier et la belle tourterelle se mouvoir En se donnant cœur à cœur Et la neige de leur duvet en fins flocons Effleure le balcon Où grand-mère tend l'arrosoir à boutons à ses si chères fleurs
Auras-tu le temps de côtoyer la rivière où le héron D'un vif bond Rejoint la cigogne planant en rond Devers le vert sycomore Et voir au soir revenir le troupeau gras Là-bas Où la ferme ouvre ses granges aux blés qu'on bat En plein air sur la vielle aire
Auras-tu le temps de voir les moulins à vent Ouvrant leurs auvents Aux vieux paysans qui s'en viennent et s'en vont Au fil de leur humble chevauchée Et leurs gais enfants s'attardant à l'entrée du village Admirer le dés-alpage Des fières vaches que poursuit le bovin en laitage Où l'on sent l'herbe récemment fauchée