Ce matin, un rai de lumière Vint me caresser le visage, Pour me sortir, à sa manière, De ma torpeur coutumière Et m'emmener dans son sillage.
Je le suivis sans trop de peine, Il avait le verbe facile, Jusqu'aux abords de la fontaine Où l'eau chantait une rengaine A un auditoire docile.
J'assistai de loin, en silence, A cet envoûtant spectacle : Des oiseaux chantant en cadence Ou barbotant avec confiance Dans l'eau claire du réceptacle.
Mille et une pensées tendres, Du tréfonds de ma mémoire, Affluèrent sans attendre Pour bénir la scène et rendre Encore permis, tous les espoirs.
De peur de briser le charme De cette sonate éphémère, Je priai pour que le calme Soit le compagnon des larmes De cette fontaine familière.
Je pus, en ce matin sublime, Goûter à la joie de l'ivresse, Oublier la vie qui me brime, L'ampleur de mes peines intimes, Mon amertume et ma tristesse.
Et pour quelques instants de rêve, Mon âme retrouva sa quiétude. Mon cœur chanta cette joie brève Et mon esprit durant la trêve, Chassa au loin sa servitude.