Elle a peuplé mon univers Et de son souffle Ouvert les portes de demain La nuit elle danse sur mes paupières L’instant naît de ce rêve qui fleurit en ses mains
Il est des beautés pénétrantes Qui nous colorent à l’intérieur Un seul regard posé et déjà mille certitudes Avant ces yeux je ne sais rien Et d’un battement de cil en ton cœur s’enracinent Cette puissante permanence Cette intime congruence
Et jusque sur la courbe du ciel Il est ces longs silences où je nous vois valser
Mais elle sait le secret des mirages Elle brandit des miroirs pour mieux t’apprivoiser Elle conduit les zéphyrs comme les lames des blizzards Et crache des flots brûlants comme des mers de pétrole Et me voilà au milieu du néant La où tout se confond, tout se perd, tout se meurt Dans l'immensité du bleu Happé par ce courant qui m’invite au grand large Mais qui m’arrime à elle encore davantage
Aimer c’est peut-être cela Se désappartenir
Et j’ai longtemps espéré là Sur mon radeau de fortune L’ondulante créature Jusqu’à ce qu’honteux le vent murmure Elle s’est jouée de toi
Alors j’ai levé des tempêtes Vidé son nom de toute son espérance Vomi les phares aux écueils de mon âme Et lorsque bien assez fort de toute ma superbe Lorsque bien assez prêt du berceau de l’oubli Assouvi de débris et lassé des épaves J’ai strié l’horizon au biseau de l’orgueil
La mer lentement s’est retirée Et j’abandonnais là Le vent aux larmes La plus belle des croisades Non sirène Je ne suivrai plus ton chant
Elle a plissé mon univers Et je le ferme aujourd’hui Un peu comme un écrin J’attends la prochaine rose aux épines assassines La prochaine ronce aux pétales grenadine