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Alain ADAM

A Alfred Jarry

En me promenant, le long, par là,
J'ai rencontré Jarry au teint pâle.
Il parlait à mots ralentis, très doux.

Secs et tendus
Ses orteils accrochaient l'herbe,
Comme des crocs de cisaille.
Vous les regardez Monsieur ?
Ils servent à creuser des trous,
Là-bas,
A la section des culs mordus,
Où j'ai été versé,
Ensuite de mon évasion ratée.

Des molosses sont entraînés à mordre
Les culs des Jarry en mal de partance.
Des légions de Jarry sont là,
Comme moi,
A creuser pour rien et à jamais.

On m'a permis de sortir,
Mais on jouera à me reprendre
Si je ne rentre pas sagement.
Voyez: chaque buisson cache un chien noir;
Plus loin ils sont rouges.

Toute nouvelle morsure impliquerait
Le creusement de trous spéciaux.
J'en ai bien assez, allez,
Avec les trous ordinaires.

Tous les gardes se nomment Ubu,
Vous vous en doutez,
Veilleurs de l'ordre
De père en fils.

Je pleure, Monsieur!
Je pleure,
Vous pouvez le dire à vos amis.