Près d'une cheminée sans flamme et sans chaleur Tordue sur un sofa ma carcasse avachie, Rompue par mon fardeau attend dans la douleur D'être enfin déliée des aigreurs de la vie.
Souvent naguère à l'ombre de mes saules en pleurs Dégueulant sur mon front des crachats de Marie, J'évoquais sans ennui les instants de bonheur Ayant croisé mes nuits et embaumé mes lits.
Ô vous, noires pensées, éclaboussant mes heures De pouacreux relents dans un flot de sanie, Vous mordez sans pudeur la mémoire qui pleure Et qui gronde et qui crie, et en vain vous supplie.
Le ciel de mes jours toujours sombre demeure, Le souvenir séché ainsi qu'une momie Ne peut, las ! se flétrir à l'image des fleurs. Printemps n'y peut rien la mémoire punit !