C’est au fond d’un vallon qu’elle s’est réveillée; Entre une touffe d'herbe un vent léger s'agite Des taches de lumière, à pas de loup s’invitent Et viennent tout autour sur elle chatoyer.
Elle bouge à tâtons ne sachant pas encor, Quelle direction où se laisser aller Et pas non plus comment elle pourra couler Au milieu des cailloux de son nouveau décor.
Un paisible chemin l’invite à s’avancer Dans un premier courant qui l’amuse beaucoup, Une pierre soudain la heurtant tout à coup, Une goutte légère aime à la caresser.
Au jeu prenant plaisir, elle saute et s’ébroue, La très timide source est changée en ruisseau; Alors de pierre en pierre, aux replats des ressauts, D’une joyeuse humeur, dévale les verrous.
Au sortir de la combe, il est une chaumière, Qu’elle longe à pas lents lorsqu’un très frêle enfant Qui se tenait tout près, à l'onde s’adressant, De sa petite voix, lui fit cette prière :
Belle eau de la forêt qui toute seule court, Voudrais-tu s'il te plaît t’arrêter un moment Et si tu le veux bien, nous pourrions voir comment, Nous amuser tous deux sans abîmer ton cours
Et l’enfant se propose alors de lui construire Une roue en bambou qui serait un moulin Qui si bien étayée d’un très simple filin Permettrait à ce creux de pouvoir se remplir.
L’eau donnant son accord, ils se mettent à l’œuvre L’ingénieux enfant avance son ouvrage L‘onde se retient pour éviter tout naufrage Et bientôt à propos s’active la manœuvre.
Le moulin tourne enfin et se remplit le creux L’eau monte dans la roue et l’enfant bat des mains Alors celle qui su s’arrêter en chemin Jette sur son ami des regards très heureux.
Lors, le petit meunier tout joyeux se tourna Et pour boire un peu d’eau sur le bord se pencha, Quand sa bouche tout près de l’onde s'approcha C’est un tendre baiser que l’enfant lui donna.
L’eau s’en fut alors et dans son cœur emporta L’histoire du moulin qui toujours y perdure. Etait-ce une larme ou quelque éclaboussure, Sur les joues de l’enfant, une goutte resta