Nos destinées s’échouent sur la rive d’en face. C’est sur l’onde courbe que se vit le parcours. Soumis aux vents d’Éole, notre sillon d’angoisse S’en remet au hasard des tourments de son cours.
Quelle que soit pour chacun la durée du voyage, Les ombrageux courants nous cachent le chemin. Sans rien nous révéler, pour voiler tout présage, Et nous ôter l’effroi du jour sans lendemain.
De l’une à l’autre rive, tout proches sont les mondes ; Au-delà des nuées, des tréfonds scélérats, Par le doux souvenir, la mémoire féconde, Apparait un sourire ou l’étreinte d’un bras.
Qu’il soit longtemps permis, au gré de notre envie De prendre les esquisses, sous le grand éteignoir D’un regard, d’un visage, d’une mine ravie, De deux mains attendues, sorties des ombres noires.
Sans cesse, volons au Temps chaque trait qui s’efface, Nous ravirons ainsi au fil des ans qui passent Tous les tendres émois de nos heureux moments.
À jamais préservé de ta cruelle absence, Ton cœur tellement bon qu’il méritait créance Restera près de moi le fidèle confident.
