Ample gerbe mouvante sise sur couche pavée, Noble galbe dressé de taille magistrale, L’arbre du Boulevard, insolence entravée Expose son bouquet en décor minéral.
Aux morsures du gel, aux rigueurs glaciales Egalement pareil sous l’ordre des saisons, De sa haute ramée aux clameurs labiales, Sa vigueur sereine apaise nos frissons.
Tout arbre de la ville tombe un jour en disgrâce Il vogue sur un torrent au parcours incertain. Bien-aimé des enfants qui lui trouvent grâce, L’appétit de la ville le découvre importun.
Il lutte pour sa vie, fier et somptueux, Ce durable souvenir de nos anciens et pères. Reste leur mémoire entre terre et les cieux, Ombre frémissante entre nos fûts de pierre.
L’arbre de la ville est souvent mal-aimé. Sa destinée y est frappée d'incertitude ; Bien qu’il se clame fort en discours enflammés Qu'il en faut préserver une multitude.
Ce roi de nos voiries mourra d’une rature Il s’étendra demain sur le trottoir mauvais ; A son aube dernière ; la scie, ultime torture, Car un trait de plume l’a détruit à jamais !