L'école buissonnière
L’on m’a donné des Mots aux souillures blessantes,
Là, sur ces bancs d’école aux déraisons absentes,
À coup de règle en bois j’apprenais tout par cœur
… Le pronom relatif à quelqu’endroit m’écœure ;
L’on voulait, là, m’offrir la belle connaissance,
Ouvrir à mon esprit, de tous les Mots, le sens
Afin qu’au gré des jours je fus un homme sûr
D’un savoir inculqué à grands coups de blessures ;
L’on n’a pas vu pourtant mon esprit voyager
Chaque fois qu’un copain, là, se faisait juger
Pour quelques fautes fait’s à ce Français-penseur
Dont l’instit orgueilleux se voulait défenseur,
Et lorsqu’à regarder ma médiocre orthographe
L’on me jeta dehors d’un coup de pile ou face,
Ces pauvres gens, nommés de leurs trop grands diplômes,
Ignoraient, pour les Mots, l’amour qu’avait ce môme,
Ce gosse qui, déjà, méconnaissant la verve,
Recherchait, dans l’Ecrit, les vrais Mots … ceux qui servent
À détrôner celui qui enseigne surtout
Les esprits, là, soumis mais pas ceux qui échouent,
Aussi sur mon bateau, les Mots comme grand-voile
Et le ciel indigo ébouriffé d’étoiles,
Je fais depuis trente ans l’école buissonnière,
Écrivant Liberté à ma propre manière.