Je voudrais que dure encore Dure la vie Tout un bouquet de matins d’été Frémissants de tes bras Qu’à des odeurs de corps ensommeillés S’ouvre le satin des lits Que l’insecte du soleil S’en vienne agacer La paume de ta main offerte Et que brûle de volupté L’empreinte de tes seins Sur le sable mouillé Qu’elle dure dure encore Dure la vie
Bien sûr c’est à peine Entre deux vers si nous sommes La virgule posée par la main de l’auteur Ou bien le goût du sel A la bouche de celui qui naguère nageait
Bien sûr Mais quel havre avons-nous Dans l’orage du temps Si ce n’est le balcon de nos bras enlacés Et quelle autre lueur au loin Feu follet délicat et fidèle Sinon les yeux de qui S’était voulu Pencher sur soi
Rien n’a cours ici bas Au delà beaucoup plus Du claquement des doigts Ou de l’éclair soufré de l’allumette Le cri blanc du bateau sous l’horizon des brumes
Et rien ne sert De vieillir ni de courber L’échine au fouet des années
Ce qu’il en reste toujours Est amer et sans grâce Le corps s’entaille à s’en briser Car toute larme est vérité
Et moi je n’aurais fait que m’immiscer Entre la lame et la blessure Conscient que mes mots sont limons Dans un réel de granit
Quelque soleil qu’on ait rêvé Il n’est pas d’aube A qui n’est pas aimé