Ce sentier floconneux qui absorbe mes pas M’emmène doucement au travers de Décembre Vers des contrées connues qu’on ne reconnaît pas Et la neige et le gel engourdissent mes membres.
Nul bruit sinon celui de la branche qui craque Sous le poids du linceul de neige étincelant, Sous le vernis du givre épais et dur qui laque Les troncs de la forêt aux grands frissons du vent.
Je vais au long des prés où se perdent les sentes Tandis que le coteau se voile et disparaît Dans le brouillard épais, solennel, qui tourmente Et étouffe en son sein les pleurs des oiselets.
Là-bas au fond du ciel, à l’horizon grisâtre Une lueur blanchit la capuche de vair Et couvre de son drap de silence et d’albâtre Le sol pétrifié dans son moule de fer.
Je vais, seul et pensif, en écoutant les choses Silencieusement pleurer dans ce désert. Et pourtant, je le sais : le printemps se repose Et veille doucement au creux du vieil hiver...