File le fil des jours et file au fil de l'eau Sur le courant des vies que sectionne l'automne, Aiguise tes amours, tes regrets qui s'étonnent Que la tombée du soir tranche le jour nouveau.
File les brins ténus de ton vieil écheveau, Épisse les entre eux au vent qui tourbillonne, Fins cordages du temps où le rouet bourdonne La chanson du destin sur l'orgue de Rameau.
File les fils d'argent que tressent sur tes tempes Le métier des saisons et les années qui rampent, File de tes doigts gourds les draps des avenirs.
Tisse les jours enfuis, fil de chaine et de trame, Où s'enveloppe et meurt le chant des souvenirs. Le fil, le fil du temps, coupe comme une lame...