Quand la terre assoupie et fatiguée s'endort, Rejetant dans l'oubli notre vie, notre mort, Passez et repassez vieux vents et beaux nuages, Emportez avec vous les amours de notre âge.
Et nos pas se diluent sur la plage endormie Tandis que le ressac soupire et s'alanguit. Passez et repassez vieux vents et beaux nuages, Emportez avec vous les remords de notre âge.
La dune du désert s'effrite à l'horizon Sous un soleil ardent qui brûle la raison. Passez et repassez vieux vents et beaux nuages, Emportez avec vous les regrets de notre âge.
La fenêtre crevée bat au souffle des airs Comme un coeur éperdu, palpitant et désert. Passez et repassez vieux vents et beaux nuages, Emportez avec vous la folie de notre âge.
L'alouette a chanté la mort du jour enfui Et le merle a sifflé aux margelles du puits. Passez et repassez vieux vents et beaux nuages, Emportez avec vous cette vie de passage.
Le ruisseau court joyeux... et se noie dans le pré, Comme au loin sur la mer disparait un beaupré. Passez et repassez vieux vents et beaux nuages, Emportez nous là-bas vers de nouveaux rivages...