Qui se souvient de nous, qui se souvient des hommes, De ceux qui, avant nous, foulèrent ces chemins, De tous ceux qui, tout seuls, ou la main dans la main, Passèrent comme nous, comme de vains fantômes.
Qui se souvient encor des empereurs de Rome, Des conquérants, des grands, de ces nobles hautains, Des gueux, des mendiants, des robes de satins, Des beautés de jadis, de Gomorrhe et Sodome ?
Seuls les vents du désert qui pleurent sur les rocs, Les vents des océans qui inclinent les focs Se souviennent peut être encor de nos passages,
Seuls les ruisseaux, les lacs, ou les étangs profonds Se souviennent peut être encor de nos visages, Et les miroirs de l'eau sont des gouffres sans fond...