Aux heures d’affluence c’est toujours la même chose La gare est envahie et se métamorphose A peine les portes s’ouvrent les hommes se ruent dehors Ils arrivent de banlieue et se lèvent à l’aurore
Les quais sont noirs de monde à l’heure où d’autres dorment La foule des anonymes marche d’un pas uniforme Des colonnes convergent au pas de gymnastique Des régiments s’étirent comme des élastiques
Quand ils marchent tous ensembles on sent le sol qui tremble Les enfants fatigués ont les yeux pleins de songes Les hommes partent au travail comme on part à l’assaut
Avec la peur au ventre d’y pointer en retard Ils marchent comme des bœufs qu’on mène à l’abattoir La gare absorbe tout comme fait une éponge