Les hommes vont te puiser partout ou tu t’enterres Tu connais leur ardeur leur éternelle soif Ils se servent de toi comme d’une bonne à tout faire Tu leurs laves le corps et tu les désaltères Ils te veulent auprès d’eux ils soupirent après toi Ils t’aspirent goulûment comme ils aspirent de l’air Quand ils te voient ils courent vers toi jusqu’à faire plouf Quand ils ne te voient pas alors même qu’ils étouffent Tu plantes une oasis au milieu du désert Toujours fluide tantôt rivières tantôt étangs Tu changes sans arrêt tu cours ou tu t’étends Tu es la source vive dans laquelle on se love Et le bouillon salée qui baigne la mangrove Tu es la nue l’ondée et la pluie qui ruisselle Tu descends des nuages peindre des aquarelles Tout le jour tu vas courant chantant spitant Et quand tout se délite que tout va à vau-l’eau Tu engloutis la terre avec ses habitants