Pour pointer à l’usine il doit se lever tôt Quitter la ville dortoir où il loge en studio Avec un fort loyer et un maigre salaire Il vit la peur au ventre de perdre son emploi
Ballotté dans les trains chahuté dans les gares Quand il émerge enfin de sa vie souterraine
Partout autour de lui retentissent les sirènes Les radios les journaux parlent de catastrophes Les crises se succèdent le monde est en péril Pour garder son studio il doit être servile
Le spectre du chômage en agitant ses chaînes Perturbe son sommeil le progrès est un leurre La vie n’est pas meilleur ce qui croît c’est la haine Les fruits sont pour autrui à d’autres vont les fleurs
Comme un cheval fourbu qu’on mène à la réforme Il n’est plus bon à rien il est très vite has been Son maigre quotidien le plonge dans la débine La retraite c’est désuet il doit garder la forme Pour que les plus nantis gardent leurs privilège Travailler plus longtemps devenir économe Partager les richesses ce n’est pas dans la norme Et penser le contraire le plus grand sacrilège