Ce colosse dressé qui au vent peut plier N’est nul antique colonne mais un vivant pilier Il épouse le sol où il puisse sa force Et cache ses faiblesses dessous la rude écorce
Vers le ciel nébuleux il dresse sa mâture Sa dense chevelure s’éploie dans la lumière De son ombre qui bouge comme d’une écriture Coulent des sons harmonieux ainsi qu’une rivière
Comme il est fait de bois non de marbre précieux C’est le ciseau du vent qui sculpte sa ramure Dans ses veines coule la sève qui lui ouvre les cieux
De l’ambre se répand autour de ses blessures Il n’aime pas le froid qui gèle les racines Mais il craint plus que tout la tempête assassine