je ne sers plus aux champs à tracer les sillons Je passe l’été au pré et l’hiver à l’étable je me remplis la panse pour finir à la table entre deux tranches de pain et des rondelles d’oignons
Béni soit le tracteur qui m’affranchit du joug Pour que je gagne du poids que je fasse bonne figure j’ai un vétérinaire qui me fait des piqûres Sensées me faire du bien ça me donne des bajoues
Lentement je me me meus vrai je manque d’entrain Si parfois je rumine à voir passer les trains je ne discute de rien il y a des hommes qui pensent ils me traitent comme leur chien et c’est ma récompense
Ils s'occupent de ma mort me couvent de tendres soins M’élèvent dans un écrin me sortent comme un bijou Bien qu’ils se servent de moi un peu comme d’un joujou J’ignore tous ceux qui disent bête à manger du foin