Pour les enfants les mots sont d’innocentes peluches Aimables à caresser qui racontent des histoires Pour le poète ce sont des animaux féroces Aux dents pointues ayant chacun leur territoire
L’écriture est une jungle où les mots sont des fauves Il faut fuir ou chasser pour avoir la vie sauve Quand ils jaillissent du cerveau tachés de sang Comme par un cerceau entouré d’une flamme
Les mots sont impuissants mais guère obéissants Pour qu’ils écoutent un peu il faut bercer leur âme C’est une tâche ardue qui incombe au poète
Il doit coucher ses mots sans endormir la bête Donner à ses bêtes fauves poussant des cris sauvages Le visage de l’aube les teintes de l’aurore