Que vois-tu de ces cyprès qui longent l’horizon ? Des messagers de l’ombre sectataires d’oraisons Des haubans de grand large dans le souffle des voiles ? Des mèches de suie pour alarme des étoiles ?
Que vois-tu de ces cyprès qui rongent la poussière ? Des gardes vigilants de l’enclos des cimetières ? Des hordes réfractaires aux courses des nuages ? Des témoins sans regard de notre vain passage ?
Que vois-tu de ces cyprès sur les chemins de glaise ? Des hiéroglyphes nus sur le vide des cieux ? Des traces d’encre noire d’un scribe silencieux ? Des nomades enfiévrés chevauchant la fournaise ?
Que vois–tu de ces cyprès effilochant la nuit ? Des hampes d’oriflammes dans le suint des défaites ? Des lances lacérant l’agonie des retraites ? Des demi-soldes las et torturés d’ennui ?
Est-ce des éclats noirs dans le clos des paupières ? Une frayeur de l’ombre étoilée sur les pierres ?
Ecoute le murmure sur la plaine et les champs De l’amour endeuillé qui en tarit le chant.