Dans l’éclat vernissé des poussières Et des sentes de pierres, Dans l’ocre aridité de la terre ancestrale, Quand le sol asséché se convulse à forer Les sources des racines, S’élance aux aplats de lumière La fourberie tenace de la sève
Olivier maculé du suint lourd des troupeaux Et des laines graisseuses, Olivier vitriolant l’arrogance de l’ordre, Olivier scarifié des affres de bouture, Ton indifférence séculaire s’émonde D’un tremblé d’aube lente D’une ligneuse effervescence de torsades et de branches Qui émascule l’arpentage de tes plants Dans le noueux de tes plaies divergentes
Le temps d’avant le temps s’avilit De tes ultimes fleuraisons Pour l’émergence frugifère du retour des saisons. Rameau de la colombe sur l’Arche de Noé Tu fructifias l’alliance de l’homme et du pardon.
Des soutes phéniciennes aux rives de la Crète Du val de la Bekka aux plaines almoravides Et de Kalamata aux confins de l’Attique, Tu conquiers les pays de la mer du milieu Et l’huile de ton fruit dans l’ombre des amphores S’insinue au mortier des cryptes Pharaoniques
Des dieux archaïques tu fus la joute jalouse Quand la fourche du tronc, de Pallas le don, Supplanta le trident du vain Poséidon. Et de l’Unique Tu recueillis l’angoisse sans sommeil Comme le basilic le sang du Golgotha
Les terrasses conquises aux pentes des maquis Par la sueur et l’effort des hommes de patience Ont cerné l’oléastre aux rebelles frissons Pour l’ardeur de la meule et le secret des lampes
Arbre tutélaire de notre vain passage Tu prolonges le geste de t’avoir semé Au-delà de nos morts pour la magnificence De nos gloires de cendre et de la terre aimée