Entre
Songes de fin de nuit
Entre
Tu vis encore ! 1
Tu es là, en manteau rouge dans cette pièce, sombre,
je ne te vois pas mais je sais que c’est toi
Tu fais face à une fenêtre haute donnant sur une rue,
immobile
Ne sors pas il fait nuit, reste!
Tu as disparu
Je cours dans les flaques
La lumière blafarde et humide quadrille les rues qui
Ruissellent
Il n’y a personne que ces hauts remparts sombres
L’angoisse me gagne l’infini du néant
Les silences sont exacts
La parole n’est plus nécessaire
Peur d’exister
Tu vis encore ! 2
La voiture avance de plus en plus vite
Une route de corniche rocheuse,
je ne peux arrêter la course, les virages
de plus en plus vite
La voiture tangue se retourne
Une maison que je ne connais pas, comme un bar,
sans bruit, des gens à côté, des enfants se montrent
Dans un coin
Sortir
Le mur est mou, je m’y enfonce
Un traîneau s’en va dans le ciel, je suis assis seul,
je pense que je suis mort
Je ne veux pas, je vais te rejoindre, je suis triste
Une pièce comme une attente, je suis assis dans un fauteuil,
Un chien grand marron luisant comme sans peau
Une voix me dit <n’ayez pas peur ils ne sont pas méchants
Le chien me lèche la main
Je ne veux pas rester, revenir à la vie
Je ne bouge pas
Une barque accoste, je descends sur une calle
Des gens nombreux sur la grève m’attendent, me tendent
la main, m’invitent à les rejoindre, un homme, je pense,
un irlandais, me parle, je ne veux pas, je marche dans la
boue du chemin, mes pieds s’enfoncent, évitent les
flaques comme une angoisse
Je marche, je veux revenir, je suis entre deux mondes
Je dis < je ne veux pas laisser ma fille>
Peut être sont ils déjà au courant
Je la vois chez elle, de dessus, elle est de dos dans une
cuisine
Je marche, je ne peux pas les laisser
Une voix auprès de moi me dit,
<les laisser !> ,<mais je suis là >