Sur la scène, j’ai vu un éléphant rose. Il ne lui suffisait de pas grand-chose Pour ressembler à une triste ingénue Habillée comme un arlequin saugrenu.
Avais-je une sorte d’amétropie soudaine Ou mes synapses étaient-elles en quarantaine ? Je ne me souviens plus vraiment du réel Ce beau monde est tellement irrationnel !
Sur la scène, déambulait une belle princesse. Son carrosse ressemblait à son Altesse, Bien roulé, avec des parures précieuses, Mais toujours guidé par des rênes capricieuses.
Ses callipyges arrières se pavanaient en star, Bien moulés dans une robe du musée des arts. Son regard condescendant me reste en mémoire. Sa divinité tranchait l’égalité avec un vil rasoir.
Pendant ce temps là, un mineur allait au charbon. Sous sa casquette il ne se faisait aucune illusion. Son destin ressemblait à un lombric, peint en noir, Son royaume : des trous dans la terre comme couloirs.
Sur la scène, j’ai vu mes angoisses s’enfuir Puis me courir après, pour mieux me détruire. J’ai vu un adolescent sans son papa et sa maman. Je crois bien que c’était moi dans mes tourments.
Sur la scène, un bon curé m’a accueilli chez lui. Ses belles paroles étaient pour satisfaire ses nuits. Les soutanes cachent souvent une note immorale Qui se noie dans les chants de la grande chorale.
Dans les coulisses, les costumes attendent les acteurs. L’habit ne fait pas le moine mais lui donne les honneurs. Les bouffons ne racontent pas toujours des histoires drôles Même s’ils jouent parfaitement bien leur triste rôle.
Dans la commedia dell’arte j’en passe et des meilleures. Tel l’imbécile de service qui se prend pour un être supérieu Ou le perfide qui s’amuse à distribuer des leurres. Les vautours attendent pour se jeter sur le malheur.
Sur la scène, j’ai vu un incrédule se convertir à l’islam De peur de rester dans sa tombe sans voir son âme. J’ai vu l’eucharistie transformer de l’eau en vin, Un petit tour de passe-passe qui ne mange pas de pain.
Un fossoyeur prévoyant qui creusait son propre trou. On ne sait jamais, même si cela paraît un peu fou. Le doyen de la contrée manifester sa colère De voir les cénobites délaisser le monastère.
Au loin, le clocher sonnaient les heures du jour. Maintenant il interprète un autre discours, S'adressant à la mélancolie des dames en noir Qui portent la lourdeur d'une longue mémoire.