La poésie qui transforme
Ô grand maitre de votre ardue baguette,
Vous qui dirigez cette chansonnette,
Ces mélodieuses notes en finesse,
Regardez ce chœur chanter d'allégresse!
Cette musique ancienne en moi s'alerte,
Revit, revient de sa tombe entrouverte,
Pourquoi a t-elle repris à l'instant,
En parcourant mon corps tout doucement?
Elle a fait renaître en moi ces alouettes,
Ces sorciers, ces rêveurs, tous mes vieux poètes,
Qui fredonnent alors tous mes refrains,
Mes rimes, mes vers carillonnant si biens.
Ils sont venus m'évader de ce monde,
De cette prison aride et si immonde,
Que la poésie soit de cette partie,
Qu'elle me délivre et me rend en vie.
Amenez donc ours et grands troubadours,
Qu'ils nous psalmodient tous ces amours,
Ces splendeurs, ces déboires d'un destin,
Ô malheur, ô bonheur, ô vilains chiens!
Descendez voir, et suivez mes amis,
Joignez vous à ma fête en poésie,
Au clair de lune, des luths à la main,
Paysages fleuris, joyeux, et coquins.
Prenez le temps de goûter un instant
Ces mots, ces lettres, ces odes aimants,
Sous les étoiles, sous les herbes vertes,
Avec tendresse en complicité en verve.
Allumez la lumière en vous, cette bougie,
Cette flamme qui se cache dans ce lit,
Qui bouillonne, qui sourie tel un enfant;
Sa vérité masquée d'un drap pesant.
Oui! Mes parois scintillent, me reflètent,
Vous illuminant de mon âme, ma tête;
Elles brillent brûlant toutes troublées,
Vous faisant sentir ma fièvre enneigée.
C'est mon doux reflet qui vous éblouit là,
Des balises, et des immenses mâts,
Dressés, tendus pour que vous contemplez,
Puis découvrez mon spectacle éclairé!
La poésie est en nous, qu'il nous faut chasser,
Espionner, elle qui s'apprête à s'envoler,
A rejoindre le ciel, l'espace comme un cygne,
Un oiseau blanc qui nous donnera plus de signes.
La poésie m'a transformé, m'a donné ses ailes,
Son bec, ses plumes, que je m'envole avec elle,
A jamais dans ces nuages, son obscur cosmos,
Ne plus rentrer, juste ressentir, quel Éros!