Si vous voulez mon avis Il n’y a en moi que des décombres Et le silence frileux d’une neige Qui fut autrefois Verbe
À la gare de l’aube j’ai pris Pour l’île le premier train Où le sommeil couvert de givres et de cendres Ouvrait ses fenêtres sur l’oubli
Le bruit court depuis huit jours Que l’île n’est plus depuis peu le bruit court Que la faim traque mon peuple Que les enfants de ses orgies mangent à terre Comme des chiens et des chiennes
Si vous voulez mon avis Vraiment (vraiment) il n’est en moi Que décombres et poussières Que silence d’îles Qui ont dû naître autrefois braises
Le poids d’une mélodie s’ajuste à mes clavicules Je prends le temps d’écouter Mon peuple
Mon peuple qui chante Et qui travaille Mon peuple qui rit Et vit en toutes circonstances
Ma patrie vit clouée Comme une humble au poteau de sa gloire Le vent lève des orages Dans l’arène de ses yeux Où se livre le corps à corps du métal et du feu
J’ai pris le premier train pour l’ouest Où le cheval du rêve tourne autour du chant Qui arbore sa verte crinière Aux peignes fins de l’espoir
Je ne suis pas médecin Mais je m’en vais panser les plaies De mes compatriotes heurtés De faim d’espoir de rage de mélodie je m’en vais Coller mes épaules contre les leurs Et expédier d’une seule poussée le rocher de la haine
Je veux baiser les pieds usés des mornes Et leur offrir des souliers neufs Sous des nuages d’orangers je veux Répandre des graines de libertés Et faire tourner pour tous l’énorme roue des destinés
J’aime ma terre lorsqu’elle tutoie l’Histoire Dans le murmure marchand De l’onde impériale