Porté par nos désirs intenses Le fier voilier de nos sens Vers le grand large s’élance Toutes voiles dehors Il quitte le port Chevauchant les flots Entre cimes et creux, Il pourfend l’eau Alors qu’en son sein Il abrite un feu D’où jaillissent des flammes À fondre l’airain Il tangue et bondit Et se joue des lames Et sous ses caresses Les vagues se pâment Et se précipitent Sur ses flancs offerts Il fonce plus vite Réglant sa cadence Sur celle de la mer Gagné par la transe Qui agite la houle Les vagues s’enroulent Déferlent et secouent Son mat qui se cabre Et fend comme un sabre L’onde gémissante Sous l’assaut des coups D’une passion ardente Dont il est la proie Dans les convulsions D’une danse fusion Le rythme le ploie Le raidit, le tort Symphonie, accords Font vibrer son corps De plus en plus fort Son souffle s’emballe Et il perd le nord Le feu le dévore Lui impose sa loi L’onde le submerge, Le bouscule, le noie Ses assauts le broient Elle l’entraine au large En pleine tempête Le voilier chavire Ses voiles se déchirent Et ses spasmes annoncent La fin de la quête Eros sonne la charge Et vient en renfort S’empare de l’esquif Tends tous ses ressorts Un temps il se fige Puis il se rebiffe Rugit, le soulève Extase et vertige Plus haut et plus fort