Je vogue sur les eaux au gré des courants d’air; Je me perds lentement dans l’immensité bleue; Je n’ai jamais compris ce qu’apportait la mer Mais j’ai toujours voulu m’y enfoncer un peu.
Je vois cet être animé et tellement grand Dérouler un tapis remuant sans arrêt; Je vois les jours filer au fond des océans, Sans que je n’ai l’envie de les sauvegarder.
Tout passe et avec moi notre amour finira; Je ne sais si la terre voudra l’évoquer, Mais je sais que l’endroit où mon corps restera Sera le tombeau d’une ferveur écourtée.
En attendant j’avance et je tombe en pensée; Je glisse peu à peu vers les abysses sombres, Les étoiles m’orientent mais je suis largué Dans un monde sans toi; j’en foule les décombres,
Car tout s’est effondré le jour de ton départ; Ma vie a tout à coup perdu l’itinéraire, Et je suis désormais quelques chemins épars Inscrits dans les méandres d’un fluide désert.
J’oublie les sentiments qui m’auraient calciné Si je n’avais pu tout laisser derrière moi; J’efface tes silences et nos cris de gaieté, Pour finalement perdre le son de ta voix.
Je n’ai plus en mon âme une once de la rage Qui baignait mon esprit quand tu as disparu, Cependant je reste imprégné de ton image Qui me couvre les soirs où je dors sous les nues.
Et je revois ton corps aller le long des milles, À mes côtés encore malgré le lointain; Ce que j’ai oublié me revient sur les îles Où je m’arrête parfois pour t’écrire en vain.