Tout se tait peu à peu, tout s’endort lentement ; L’herbe brille déja sous la prime rosée Qui s’étend sur les bois, les chemins et les prés ; Il fait si beau, malgré la fraîcheur du printemps !
Je rêve, seul et triste, observant l’horizon. Mes yeux, qui ne devraient voir que le paysage, Sont devenus la proie d’un étrange mirage, Et je la vois partout, douce hallucination.
A travers la Nature transparait son image : Ce teint rose du ciel qui finit de pâlir, Ce nuage léger en forme de sourire, Tout dessine pour moi les traits de son visage.
Et il me semble même, enfin, pouvoir entendre Quelques sons familiers : le vent, comme une haleine, Rend l’echo de sa voix au milieu de la plaine, Murmurant des mots que seul mon coeur peut comprendre.
Mais malheureusement, mon coeur n’est plus à moi ! Il etait si plein d’elle que je le lui donnai, Sans vouloir deviner ce que je deviendrais Si elle le prenait sans me prêter sa foi.
Voila pourquoi ce soir, égaré dans un champ, Je retrouve partout le triste souvenir De celle que j’aimais, et que je vois sourire, Et parler, et pleurer dans le soir qui descend…