Loin de ce monde et des méandres de nos fleuves, L’herbe nuageuse de cette Terre neuve, Souffle dans le ciel herbé et sa pluie montante, Mouille la lune ses grands cratères et ses plantes. Et moi, marchant dessous les tilleuls vermeille, Leurs troncs, des pylônes en ver moussants au soleil Couchant derrière les montagnes souterraines, Dont les avalanches montaient sans moindre peine. Ce bel endroit c’est quelque part, dans quelque part Où le ciel rose me donne son parfum, Où les fleuves courent rejoindre le Tartare, Où l’écume tendre que boivent les dauphins. À présent la nuit m’éclaire, et je vole, vole Dans la poussière du temps, flottant dans le vent, Et je vois la lointaine brume qui s’envole, Puis je retombe dans les chardons insolents. Le soleil revient chauffant les beaux tilleuls, Berçant ses branches au vent de demain, je suis seul, A quelques pas j’entends les cascades de sève, Et derrière moi je vois un champ jonché de glaives. Quand un matin descendra la brume du soir, Quand demain le geai pleurera son chant du soir Et que le paon chantera sa plainte du jour, Puis moi je marcherai sous les saules, toujours. On me verra parcourir les grands champs d’autre part. Ou on ne me verra pas, mais je serai quelque part…