Ce temps qui passe là, au ras de ma fenêtre Qui est-il ? Que veut-il ? Et qu’attend-il de moi ? Lors que je l’espérais pour ouvrir mon bien être Pour aérer l’hiver aux jeux de son émoi Le voilà qui s’enfuit, qui court loin de ma plaine Comme se débobine un écheveau de laine
Et je le vois rôder autour de mes vingt ans Calfeutrer d'ironie, mes émails de faïences Mais je le vois aussi m’isoler au dedans De mes peurs, de mes cris, de mes pires absences
Ce temps qui reste là, curieux, à ma fenêtre Espionne mon décor, tel un piaf clandestin Cherchant à picorer un mietton de mon être Peut-être un peu de sang à boire en son matin Avant que le grand givre à son nid ne dégaine Son sifflet pour geler le restant de ma graine ?
Et je l’entends gronder aux vitres de mes veines Plus fort qu’un ouragan fracassant leurs croisées Et je l’entends glousser au rebord de mes peines Comme s’il aspirait mes dernières buées !