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Ambre DELUNE

À l'orée des cimes...

Elle était devant moi
Fière, majestueuse
Arborant son poitrail
Aux nimbes azuréennes
Harmonisant son corps au levant envieux
De ses rondeurs
Elle était devant moi
Ardente, épanouie
Ses cheveux pourléchaient
Les courbes de son ventre
Comme une vague aphone
Désaltérant les siècles
Ses bras enveloppaient
L’immensité abstraite
D’un passé conquérant
Orgueilleux de sa prose
Et son corps chlorophylle au tulle lactescent
Inspirait d’infini les ourlets du futur
J’imaginais sa vie, sa douleur au survivre
Son souffle haletant aux nuits de non-retour
Elle avait dû en voir mourir de ces amants
Qui pour une caresse
Un plus de sa vaillance
Auraient vendu ses drames
Elle me rassurait
Quelquefois m’effrayait
Mais toujours m’extasiait
Quand sous ses flancs charnus
S’engouffrait en fracas
La foudre d’un orage qu’elle revigorait
La faisant ressurgir
Sur ses tempes adultes
Elle me consumait
Tant elle me troublait
Quand un rayon mordu par ses formes oblongues
Dardait de son rimmel
Le verso de ses jours
Ses vallons luminaires
Semblaient enfouir ses deuils
Pour les remémorer en bijoux de faïence
Aux rousseurs de l'Automne
Que n’étais-je ainsi, bienheureuse, confiante
Souriant au challenge d’affronter son espace
D’absorber l’atmosphère
En contrepoint, en contrepoids
Que n’étais-je ainsi, vibrante à ses côtés
Débordante de sève ?
Son regard déporté au-delà des hiers
M’impliquait à l’inverse au-dedans de moi-même
J’avais mal de son cœur, je souffrais de sa paix
D’avoir su résister au temps qui me condamne
Elle était devant moi
Impériale quiétude
Tel un temple fendu depuis des millénaires
J’étais d’elle si près
Si lointaine pourtant
A l’heure où l’aube vint
M’allonger
Sur la paille
De mes pires débâcles