Elle était devant moi Fière, majestueuse Arborant son poitrail Aux nimbes azuréennes Harmonisant son corps au levant envieux De ses rondeurs Elle était devant moi Ardente, épanouie Ses cheveux pourléchaient Les courbes de son ventre Comme une vague aphone Désaltérant les siècles Ses bras enveloppaient L’immensité abstraite D’un passé conquérant Orgueilleux de sa prose Et son corps chlorophylle au tulle lactescent Inspirait d’infini les ourlets du futur J’imaginais sa vie, sa douleur au survivre Son souffle haletant aux nuits de non-retour Elle avait dû en voir mourir de ces amants Qui pour une caresse Un plus de sa vaillance Auraient vendu ses drames Elle me rassurait Quelquefois m’effrayait Mais toujours m’extasiait Quand sous ses flancs charnus S’engouffrait en fracas La foudre d’un orage qu’elle revigorait La faisant ressurgir Sur ses tempes adultes Elle me consumait Tant elle me troublait Quand un rayon mordu par ses formes oblongues Dardait de son rimmel Le verso de ses jours Ses vallons luminaires Semblaient enfouir ses deuils Pour les remémorer en bijoux de faïence Aux rousseurs de l'Automne Que n’étais-je ainsi, bienheureuse, confiante Souriant au challenge d’affronter son espace D’absorber l’atmosphère En contrepoint, en contrepoids Que n’étais-je ainsi, vibrante à ses côtés Débordante de sève ? Son regard déporté au-delà des hiers M’impliquait à l’inverse au-dedans de moi-même J’avais mal de son cœur, je souffrais de sa paix D’avoir su résister au temps qui me condamne Elle était devant moi Impériale quiétude Tel un temple fendu depuis des millénaires J’étais d’elle si près Si lointaine pourtant A l’heure où l’aube vint M’allonger Sur la paille De mes pires débâcles