Alors j’ai fait semblant, de rire, d’être heureuse Pour ne pas offenser, quémander la pitié Mes haillons déchirés sur l’âme valeureuse Je les ai échangés pour des loques froissées
Tu me sais vagabonde au hasard de la vie Les pieds nus sont ma foi, liberté ma croyance Peut-être est-ce en cela ma pire défaillance Que de croire en l’amour, que de croire à l’envie
Oh ce n’est pas pour lui que mes pleurs sont tombés Pas pour cet homme-là, il m’en faut davantage ! C’est de voir qu’aujourd’hui, nul ne sait plus aimer Le moindre des détails, le plus petit présage
Mes larmes sont tournées plutôt vers l’horizon Ce ciel que l’on dit bleu, alors qu’il est si lourd J’appréhende le monde en immense prison Dans laquelle chacun y survit, comme un sourd !
Non, ils n’entendent rien, ceux-là qui sans scrupule Piétinent les années, en se voulant paraître J’ai mal, toi tu le sais, quand vient le crépuscule Je voudrais tant qu’ils soient, tant je persiste à Être !
Toi qui me connais bien, qui connais mes combats Regarde mes couleurs délavées sous les plaintes Mon âge est fatigué, et si mon cœur se bat Chaque jour un peu plus, il s’épuise, il s’éreinte !
Alors, je fais semblant, d’être heureuse, de rire, Quand au creux de ma main, s’attache une autre main Quand ton espoir sourit, me retient de mourir Mais je ferai semblant jusqu’au bout, je le crains…