Voyageur de la nuit aux sentiments troués Qui traverse ton rêve ou conduit ton pas lourd ? L’étoile n’est plus celle autrefois enjouée Et la lune chétive a mordu ses doigts gourds Est-ce mélancolie ta triste camarade Qui se tient à ton bras d’une anse vénusienne Ou ton vœu ampoulé déposé sur la rade Qui traverse ton rêve au son de l’arlésienne ?
Voyageur de la nuit tu connais les confins Qui usent sous les nues tes sentiments troués Dans le noir corridor dont nul ne sait la fin Pas même l’origine autrefois enjouée La tristesse aurait-elle un pouvoir absolu D’affiner son halo sur ton arc-en-sommeil ? Où conduit ton pas lourd en nimbes dissolues Insufflées par ce vent envoilant ton vermeil ?
Voyageur de la nuit sous l’onde de tes yeux A présent tu la vois, l’étoile n’est plus celle Que tu peux accrocher sur un recoin des cieux Mordu par ses doigts gourds aux crins d’un violoncelle Serait-ce ton amour qui crie "Holà qui vive !" Qui dérive au long cours loin d’un quai sans amarres Quand gémit ta douleur que sa lame ravive Serait-ce ton amour devenu cauchemar ?
Voyageur de la nuit si frêle est le croissant Suspendu menaçant par la lune chétive Ne plie pas à l’appel de son drap angoissant Fuis-le ! Envole-toi pour qu’il ne te captive !