Mon guide, mon ailleurs, le long des quais brumeux Les braises de vos yeux éclairaient les abords De l’Escaut endormi sous les bleus vaporeux Dans la nuit qui fermait l’écluse des remords
Je ne voyais que vous ! Vos iris funambules Naviguaient sur un fil tendu vers l’infini Et leurs vagues en fruits aux courbes majuscules S’impulpaient de désir en cet instant béni
Vos pulsions s’égaraient sous la brise nocturne S’aventurant parfois dans le creux de mon cou Vous étiez à cette heure un anneau de Saturne Illuminant mon corps du gemme d’un bijou
Jamais je n’aurais cru tant aimer le silence Aussi vaste, aussi fol, livré jusques aux cieux Quand votre main dorée à la vive impatience Sur ma taille posa le poids de vos aveux
Votre essence à ma peau tel un baume aurifère Cajolait les accents d’un refrain langoureux Sous la Torpeur aiguë que l’émotion préfère Pour enfanter le chant de votre air doucereux
Je n’entendais que vous ! Votre voix en prodige S’accordait aux parfums d’une Belgique en fleur Et vos sons qui montaient me donnaient le vertige Jusqu’à m’en échouer sur votre âme en clameur !
Mon guide, mon ailleurs, le long d’une embrassade Les soupirs qui volaient plus haut qu’aigles flambants Toujours se souviendront votre orfèvre parade ! Vous étiez en ces lieux le plus beau des diamants !