Je pourrais te parler de ces lambeaux de lune Enlisés aux sommets de la plus haute dune De mon autre moitié qui s’avoue être veuve D’un temps qui s’est pendu aux cordeaux des épreuves
Je pourrais te conter tous ces grains, un à un Epicés de sel fin, auxquels j’avais mêlé Quelques plaintes de pluie, quelques bulles d’embruns Je pourrais te parler de ce qui m’a manqué
Je pourrais te danser les copeaux de soleil Que j’avais enchâssés sur griffes mort-dorée Fidèles compagnons des nuits de non-sommeil Qui tissaient un collier d’envies à arborer
Je pourrais te chanter cette corne de brume Son alarme insistant à mon corps qu’elle inhume Sous la fière langueur de l’irraison avide Je pourrais larmoyer de ce mal qui me vide
Quand la flamme en éveil attend au carrefour De brûler une proie à laquelle elle aspire Je pourrais te parler du pire, si ce pire Etait de ne jamais … avoir connu l’amour !