A ne plus rien attendre et ne plus espérer Ne plus dire ou oser, pas plus que de prétendre A ne rien demander mais se désespérer De n’avoir en retour que le vide à surprendre
A trop réaliser que le monde est un leurre Ne plus savoir y vivre en bon entendement Rires à accuser en peines et douleurs Quand le dédain narquois est son seul fondement
A vouloir résister, aller contre nature Sourire en s’excusant de ne pouvoir donner Que ce sincère-là ripostant à l’injure De ce mépris moqueur vers l’âme abandonnée
A avoir concédé la confiance en l’humain Lui céder en échange un crédit loyauté Mais se retrouver seul à chercher une main Comme ce nouveau-né à peine emmailloté
A se voir dénudé dépouillé de tout bien Par le mal qui se cogne à la paroi de verre Fragile carapace en sursis, frêle lien Qui se brise tout net sur un dernier revers
A avoir trop aimé à en être trahi Par cette honnêteté transmuée en rivale N’être plus qu’un objet jeté car asservi A un idéal fier déroutant la normale
A avoir trop voulu estimer le respect Bien au-delà de soi avec reconnaissance Mais à voir galvauder ce mot qu’est ‘liberté’ Se heurter de plein fouet contre l’indifférence
A avoir trop voulu partager et offrir Une main ou un mot, un regard ou un geste Pour le simple bonheur de grandir, s’enrichir Et n’avoir rien reçu qu’un camouflet funeste
A n’avoir rien paru mais toujours vouloir être Que ce que la nature a créé de plus beau Par ce bleu de l’amour colorant le bien-être Naissent des ecchymoses À graver sous la peau