Regrets regrets jamais vous ne m'avez surprise À plier sur mon sort d'un acte que je fis Non par trop de confiance ou de fierté soumise Mais pour ne point grever le poids de mes soucis
J'ai vécu de hasard, cet ami racoleur Harnaché au sang bleu de dame volonté Regrets regrets jamais n'avez connu malheur Que celui de ne pas griffer ma liberté
Je laissais à mon sang frémir l'heure pénible Ou rougir l'autre grave en taillant son mégot Mais je riais aussi de ce qui fut risible À me voir enfumée par un geste ou un mot
J'ai préféré du temps qui ouvrait ma fenêtre Les joies émasculées de vos poussières d'or Celles qui trop en vue, empêchent le bien-être Je vous ai reniés, vous tous, à mon décor
Oui j'ai aimé d'amour, celui auquel on croit Que l'on pense éternel, le seul, l'unique empire ! Non je n'ai pas prié pour vous, à cet endroit Quand il m'abandonna, puisqu'un autre l'inspire !
L'énergie ne se perd que si l'on veut l'enfreindre Si l'on retourne en boucle aux peines aux tourments Le spleen, il va de soi, vient parfois nous étreindre Mais pourquoi renifler sur tous les faux serments ?
D'autres viendront nourrir les souvenirs qui restent Je les prendrai de coeur, qu'ils soient sages ou fous Même si vos courants, de mes veines détestent Ce lourd entêtement à ne vouloir de vous
J'aurai passé ma vie à ne pas vous combler De même que remords ne trouvent pas de place Et pourtant de mémoire à souvent m'ensabler Ils auraient pu grandir au teint de votre glace
La douleur d'un affront, ou d'un manquement d'âme Sont odieux il est vrai, quand on remet sa foi Dans l'autre en loyauté, et qu'il en naît un drame Mais on ne peut blâmer d'être honnête avec soi !
Car voyez-vous, regrets, ma conscience est très claire À savoir que jamais ne me suis fourvoyée Pas plus que n'ai trahi, ou n'ai eu à me taire Vous ne flotterez pas où les pleurs m'ont noyée !