Balmira, souviens-toi, l’aube était à genoux Comme si elle priait, ses lumières en fête Et les loups ululant les plaintes des hiboux Gueulaient plus fort qu’un temps, plus gros qu’une tempête
L’aube était à genoux, si jeunes nous étions Nous ne comprenions pas l’apprêt de son silence Quand le zénith croisé aux feux des vermillons Soulevait peu à prou l’instinct de sa démence
Ses lumières en fête aux volutes sanguines Pénétraient nos poitrails, s’infiltraient sous nos peaux Balmira, souviens-toi, combien d’encres félines Ont fait mourir nos yeux de ces instants si beaux !
Les plaintes des hiboux gagnaient la grande plaine Nous n’avions pas quinze ans, mais déjà nous sentions L’heure nous enlacer dans son ballet de laine Balmira, souviens-toi, si jeunes nous étions !
Plus gros qu’une tempête ou que fol ouragan Nos émois s’écorchaient sur d’aphones louanges Au levant qui fardait ses bulles d’origan Pour embaumer nos cœurs d’éternelles vendanges !