Le murmure du songe est une douce bise Qui souffle vague et floue sur l’ombre de la nuit Au sommeil reposant sur de frêles banquises Inlassable il revit les souvenirs enfuis
Le voile est déchiré sur le jour qui rappelle Silhouettes nacrées aux démarches paisibles Sur fond d’écran lustré l’opaque se révèle Déliant les liesses en tourmentes fusibles
Comme une lassitude il traîne son ennui Il déroule, fardé, sur les paupières closes Le diaphane et le noir, le silence et le bruit L’aurore est son écho, sa couleur est le rose
Le murmure du songe est la brise suave Qui caresse la peau d’une aile diamantée Au retour bienheureux d’un avion, ou l’épave D’un train sur le départ, quai des amours blessées
Il chante la chaleur des coussins de tendresse Les abandons livrés sur des barils d’amour Fredonne au jade clair l’orphéon des ivresses Ou les belles saisons d’un billet sans retour
Injure d’un délit à raisonner l’instinct Dans l’envers du décor au blues d’un goéland La flamme consommée d’un seul sanglot s’éteint Au murmure du songe éperdu dans l’instant
Les remords, les regrets, souffrances de l’après Sonnent à cinq cents lieues en graines diluviennes La pluie qui clapote en claquant sur le pavé Couvre la voix flouée aux allées bohémiennes
Le chasseur aux aguets de la biche aux abois Laisse l’œil à sa larme à l’orée d’un espoir Quand son fusil défait aux sources de l’émoi Explose en gerbe tendre au baume de l’ivoire
L’océan embleui aux confins de ses rives Etend son vague à l’âme autour de l’horizon Le soleil et la lune en éclipse furtive S’alanguissent au loin du ciel de la raison
Les songes chuchotés se glissent sous les draps Poétiques fragments tissés de vers sincères Par les rimes fondues d’ici en au-delà Aux plumes des duvets flottant dans les éthers
Le miroir s’est cassé, le jour vient d’apparaître Sur ces heures bercées de minutes trop brèves Mais leurs paillettes d’or en débris font renaître Des milliers de facettes … brillant d’éclats de rêves…