C’est d’une confusion que ce soir je t’écris Un peu comme l’on rêve Sans ne savoir pourquoi Un mot fragile, un mot, une phrase, et voilà Que tout vient lentement Tendrement. Sans surprise Le manque est là pourtant De nos vies, de nos jeux Là ou j’aime glisser Ma bohème craintive Tout se tait dans ma nuit Je pleure cent raisons Ces raisons qui sont toi Tout se vide de moi pour pénétrer en toi Et ma taie d’oreiller relève ton odeur Ton âme, son parfum Cette lavande, là qui m’accueillait jadis Aux bras des oliviers Ils penchaient chaque fois que je les chantonnais Je les pensais courbés en hommage paillettes A ma voix qui timide tentait ses vocalises Leurs fruits dodelinant sous le Mistral railleur Et toi, toi tu courais Me criant à tue-tête "Je t’aime ! N’oublie pas que je te marierai !" Nous tournions ! Nous tournions ! Jusqu’à nous effondrer Toi sur moi, moi sur toi, nous en nous ! Noués ! Le vois-tu aujourd’hui que mon ciel se découd ? Que les nues en copeaux s’écrasent sur mes lèvres ? Pour les bâillonner ! Les empêcher de crier à leur tour "J’ai mal ! J’ai si mal !" Prête-moi ton mouchoir ! J’y cracherai les sanglots de ta mort Une phrase... Et voilà, que je reviens en toi En nous… Comme toujours Rien n’a changé ici Et le vieil olivier se courbe un peu plus chaque jour (Tu sais, celui de la grange au miel) Parfois quand le temps s’essouffle Que le vent le flagelle Il renifle la terre... On dirait qu’il te cherche... lui aussi Te souviens-tu ? "Ne vous approchez pas ! Ou vous serez piqués !" Piqués ? Mais nous l’étions déjà ! Piqués de nous, aiguillés de sens Les tiens, les miens, entremêlés Nous étions vivants ! Toi en moi, moi en toi, Nous ! Noués ! Sans maux, sans un mot... Un mot... Un mot fragile, un mot Maladroit, pesant... Une phrase et voilà Que je reviens en toi En nous ...