Que n’ai-je osé vous dire à cette heure attentée Que le bruit de vos pas qui s’éloignaient de moi A levé la clameur s’encognant aux parois De mon coeur qui se meurt de n’avoir pas tenté
N’y voyez un caprice à ne pas avoir su M’emparer de votre arme au pavillon nacré Il n’est pire ennemi que ce si lourd secret De tuer le désir de peur qu’il soit déçu
Mais mon corps étendu, éperdu dans ces draps Mesure tout l’espace où vous auriez dû choir Puisque de votre envie s’élevait un perchoir Pourquoi ne suis-je pas blottie dedans vos bras ?
Pardonnez mon ami, ma feinte involontaire Que d’avoir esquivé votre si belle ardeur Je condamne à l’instant ce malaise frondeur Qui fait que vous, parti, mon âme est solitaire
Et je pleure imbécile en sanglots acharnés Le vide qui remplit ma chair de votre absence Je vous cède ma peau, et ma vie, et mes sens Je vous veux empereur ! Je serai beau harnais !
Il n’est trop tard j'espère à nous faire renaître Par ce choc qui me prend de vous couronner roi Quand ce manque me nuit, que ma douleur s’accroît Que n’ai-je osé oser, vous offrir tout mon être ?