Ne pas se retourner, poser les yeux ailleurs Ailleurs qu'à ce sentier de sable d'amertume Contourner l'enjambée que nous faisions à deux Nos ombres confondues À nos coeurs océan Mais l'océan n'était cette eau qui croit paraître Il était de nos pleurs de nos rires nos cris Salés bien sûr autant, autant que se peut être La douceur de la mort suffoquant sous nos bruits Il y avait avant, un parfum de cytise Son or dégoulinait jusqu'à notre embouchure Mais le temps l'a fané, et la Fanette chante "Nous étions deux amis, le grand Jacques m'aimait" Nous le chantions aussi, aux jours de grande lune "Non ne me quitte pas, il faut tout oublier" Je ne peux oublier aujourd'hui la blessure De ces grains sous mes pieds Qui débrûlent la fièvre Il y avait un pin, un parasol sauvage Un sol qui dérobait nos émaux, nos pensées Ma robe qui volait plus haut que les nuages Toi tu mimais l'exil d'un goéland pressé Plus nous regardions loin, et plus nous étions proches De ces plaines jaillies de nos rêves communs Trop grands peut-être bien Pour qu'ils meurent si vite Comme se meurt le temps, quand il n'est plus d'aimer...