Il est venu d'un temps où tout n'est que lumière Où le rêve profond se vit les yeux ouverts Où la nature avide Boit l'eau de la rivière Nidifie dans son lit Les galets roux coulant sur sa tresse de lierre
Il est venu d'un temps où sa larme aux paupières Enfantait l'autre monde Tel qu'il m'était promis Sa candeur angélique et ses cheveux gigogne Chaque boucle sertie dans une autre plus fine Le jais de sa toison Sa bouche palissandre Il est venu d'un temps Frisé de goémons
Il marchait sur les flots d'épines millénaires Oubliant le brasier qui calcinait ses pas Il dégriffa sa main Comme un semeur espère Dessiner l'avenir dans les champs de colza
Et c'est d'un grain mûri à l'aube d'un hasard Que son coeur s'accrocha, au mien, bourgeon timide Me grandit de sa vie Prit mon âme en ses rives Il est venu d'un temps Pour étirer le mien