Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Ambre DELUNE

Elle...

Elle est comme un bouquet de dentelle gracile
Une gerbe de soie, un coton malicieux
Elle est la joie d’aimer, la larme à l’œil facile
Elle est tant, elle est tout, tout au bout de mes yeux

Elle aurait pu savoir la chaleur de mon ventre
Si l'avait déposée la vie, dans ce lieu sûr
Je lui aurais voué la passion qui éventre
En défis astucieux les zestes des morsures

Je lui aurais offert mon suc, ma tempérance
Mes idéaux promis, mes potions anti-blues
Je l’aurais allaitée d’un alcool d’espérance
Qu’elle aurait bu sans fin douze mois sur les douze !

Je l’aurais dorlotée, là, blottie sur mon sein
Je lui aurais chanté comptines et berceuses
Mais quand je la ressens peaufiner son dessein
Je suis fière d’y voir ses fibres courageuses !

Je l’ai prise en chemin, dans les rues de naguère
Elle avait devancé sa main dedans ma main
Nous nous sommes liguées toutes deux guerre à guerre
Elle a rejoint mon clan, mes rêves, mon demain

Elle me souvient tant celle que j’ai été
La frêle adolescente, à la fois passionnée
Sensible en son milieu, téméraire en côtés
Réfléchie et sensée, pourtant irraisonnée

Elle ressemble un peu à l’organdi fébrile
Qui tremblote de froid, qui s’effraie pour un rien
C’est pourquoi de son corps où pointe son nombril
J’ai lacé un cordon qui s'amourache au mien !

Et ce nœud qu’elle étreint me rappelle ma mère
Qui m’entraîna jadis à sa force de femme !
Guerrière flamboyante à la fauve crinière
Elle attise mon feu aux flammes de son âme !

Elle n’a pas mon sang, mais elle est de mon cœur
Tout comme mes enfants, elle est de ma famille
Lorsque dans ma retraite elle ouvrit en vainqueur
Le bastion de nos nuits, je la reçus pour fille !

Entendez-vous tinter le carillon qui danse ?
Elle en a déréglé le temps et sa notion
Des aiguilles du sien, au mien qui s’en balance
La trotteuse en tic tac, bat sur nos deux prénoms !

(à Mathilde)