Je suis partie longtemps, comme on part en cueillette Ramasser d’autres fruits à croquer sous l’ardent Je suis partie craintive, et me voilà fauvette La peur entenaillée dans un reste d’accent
Lorsque je revoyais en quelque rêve errance La montagne neiger sur l’enfant que j’étais Qui aurait pu songer que je la renierais Cette ville témoin, berceau de ma naissance ?
Je ne reconnais rien, je ne reconnais plus Les rues démantelées par l’orgueil de mes veilles Mes amis sont ailleurs, leurs rires sont perdus Étrangère je suis, des pieds jusqu’aux oreilles
Cet air que je respire empoisonne mon âge Je suis partie longtemps, peut-être un peu trop vite Pas assez pour autant pour qu’une ombre n’évite De rappeler le temps, que j’y vivais, sauvage
Ici rien n’encourage à l’envie de courir J’ai mal à ce passé qui se colle à ma dent Je les croyais vivants, mais je les vois mourir Ceux qui sont restés là, ignorants d’autre vent
Je ne suis plus chez moi, au milieu de ces trombes Qui gouttent sous ma chair en quelque souvenir Ma tristesse appuyée au marbre de vos tombes Aurait pu s'y asseoir. Je ne pense qu’à fuir !