Tu soignes ma détresse aux influx de ta voix Pourquoi dois-tu porter ce poids qui m’est immonde ? Tu aurais mieux à faire, à vivre, que la croix Qui pèse sur mes jours, sur mes nuits, hors ce monde !
Je t’aime, oui bien sûr, mais je ne voudrais pas Que tu m’aimes aussi en complément de choses Cette cause est à moi, je ne voudrais tes bras Qu’au rire que tu fais mûrir quand tu m’y poses
Il faut laisser mes pleurs se consumer, sauvages Tamiser les bas fonds des ruisseaux d’autrefois Les orpailleurs n’ont pas aujourd'hui aux rivages Su trouver plus précieux que l’espoir à leurs fois
L’amour orfèvre nu est un vil diamantaire Il nous veut scintiller comme ces gemmes d’eau Crois-tu sertir ta vie à ce qu’il me faut taire Crois-tu que mes aveux dénoueraient ce bandeau ?
Tu m’obliges à dire, à parler, sans réserve A vider ce trop-plein qui ternit mon envie Il faut laisser mes pleurs ruisseler à la verve De poèmes soufferts en pactole de vie
Et quand j’aurai sondé les mers mortes de peine Que plus rien en trésor ne se révèlera Si ton cœur est toujours fidèle sur ma veine Je prendrai ce filon, au temps qui l’offrira
Je t’aime, tu le sais, mais je ne voudrais pas Que sanglots déplacés nous mènent à la perte Cette cause est à moi, je ne veux de tes bras D’un nid consolateur à ma porte entrouverte
Je veux toi, je veux nous, autrement qu’en ces transes Qui me perdent souvent, mais j’ai peur d’égarer Ton âme qui pourtant sait s’adapter aux danses Qui noircissent l’instant passé à nous aimer…